samedi 8 janvier 2011

Maternité et Fibromyalgie : un sujet délicat (poil aux doigts !)

G. Klimt

Dernièrement, une amie fibro m'a dit " Tu gagnes en maturité... Je te sens vraiment sur la bonne voix... Pourquoi pas faire un bibou un de ces jours ?".

Et oui, à 35 ans je n'ai pas d'enfant... Mes proches n'osent plus en général me poser la question mais tous les médecins et d'autres, comme un journaliste dernièrement, me posent systématiquement la question.

Il est impensable dans notre société de ne pas avoir d'enfant, et pourtant !


C'est un sujet délicat et je risque de choquer certains lecteurs, je crains d'être moins drôle que d'habitude mais j'avais envie d'en parler, justement car c'est tabou !
Alors je m'excuse d'avance si je plombe l'ambiance ;-) Mon intention n'est pas de choquer mais d'ouvrir un débat sur un sujet tabou...

Cette amie ne savait pas à quelle point cette phrase pouvait être blessante et culpabilisante pour moi... La normalité est d'être mère de famille, une femme sans enfant n'est pas considéré dans notre société comme une femme accomplie. Cela fait quelques années que je dois me justifier et cela m'est encore plus difficile avec la fibromyalgie car la réponse me parait personnellement évidente !

Beaucoup de fibros se déclarent après 40/45 ans et les malades ont en général déjà des enfants en âge de se débrouiller. Par conséquent, maternité et fibromyalgie sont imbriqués, il n'y a pas de questions à se poser.

Pour moi, les choses sont un peu différentes... J'ai eu mon accident à tout juste 33 ans et avant d'être malade, je me posais déjà des questions sur la maternité : mon couple est stable, même si des remous ont également eu un impact sur ces questions, j'avais une bonne situation professionnelle...

Alors pourquoi hésiter ?
Et bien car pour moi, on fait des enfants pour s'en occuper et je travaillais tellement à l'instar de mon homme, qu'il n'y avait pas de place alors pour un enfant... Certains m'ont répondu à cet argument: 'bah oui ! Il suffit de revoir son emploi du temps !" Mais honnêtement, est ce si simple que ça ?

Personnellement (je n'en fais en aucun cas un dogme !), j'avais trouvé un fragile équilibre entre ma vie personnelle et professionnelle et démissionner pour trouver un emploi plus "tran-kill" et me consacrer à ma famille me paraissait compliqué. En plus, financièrement, c'était peu viable.

"Mais les autres y arrivent bien, alors pourquoi pas vous ?"
Je connais beaucoup de couples qui ne tiennent pas le choc et regrettent presque d'avoir fait des enfants, même si c'est abominable à avouer! D'autres se séparent car cela créé des tensions...
Je tiens tout de même à souligner que beaucoup s'épanouissent dans la création d'une famille, des mères se révèlent en s'occupant de leurs bambins à temps plein...
Il n'y a pas de règles ! Aujourd'hui, cela devrait être un choix personnel mais la société ne nous laisse pas ce choix.

Combien de fois, ai-je entendu dire à des femmes qui tentent désespérément d'avoir un enfant (mais gardent ça pour elles car elles n'ont pas envie de s'étaler sur ce sujet intime avec le quidam) :
"bah alors ? c'est pour quand ??" avec un grand sourire. C'est blessant et humiliant, alors que la question était voulue gentille à la base...
De même, on me lance dans les dents : "Tu peux faire une taille 38 toi ! Tu n'as pas eu d'enfants...", sans penser à mes sentiments.

La maternité semble tellement évidente auprès de tous ! Pourtant, chacun sait personnellement ou par son entourage, que cela n'est pas si simple en réalité...

D. Rafenomanjato
Aujourd'hui, avec la maladie, les choses sont encore plus complexes et même si beaucoup ont du mal à le concevoir... En dehors des difficultés de fertilité familiale n'ayant aucun rapport avec la fibromyalgie, je dois dire que les douleurs, les effets secondaires des médocs, la fatigabilité intense... rendent difficile la conception et encore plus l'éducation d'un jeune enfant. 


"Mais tu sais, il parait que ça va mieux avec les hormones quand on est enceinte !"
Peut être, mais après ? Alors que je n'arrive déjà pas à m'occuper correctement de ma petite personne et absolument pas de mon mari et de la maison, comment ferais-je pour me lever toutes les 4h pour allaiter, changer les couches, porter mon enfant alors que j'ai du mal à porter une bouteille d'eau ?


Ne vous détrompez pas, j'adore les enfants !
Cela restera un regret "de ne pas transmettre" si je n'ai jamais d'enfant... Mais je ne veux pas faire un enfant malheureux et délaissé pour faire plaisir à la société.

Si un jour, j'ai la joie d'être maman, ce sera pour élever cet enfant et lui donner le maximum de chances dans la vie... 
En attendant (je sais, l'horloge tourne, merci...), j'essaye de me soigner (la santé, c'est important ! lol) et je profite des enfants de mes amis... enfin ceux qui veulent bien que je les approche...
En effet, certains trouvent tellement étrange une femme de 35 ans en couple sans enfant qu'ils ne veulent pas que je touche leur enfant : mauvaise femme, mauvaise mère!! Je pourrais le laisser tomber ou je ne sais pas... le déguiser en lapin ? Pauv' bb ! ;-)

9 commentaires:

  1. T'as un neveu... Je te le prete quand tu veux... :-)) Comme il est grand deja, y a moins de difficultes meme si elles sont autres... Bisous

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  2. Bien le bonsoir Miss,
    Effectivement, sujet délicat....Surtout pour toutes ces femmes qui ont au plus profond d'elles la fibre maternelle[= synonyme : sensibilité, que nous connaissons bien puisque exacerbée chez les fibros]mais qui, pour X raisons, n'auront pas la chance de goûter aux joies de la maternité.
    J'ai eu droit à cette chance, Cruella m'en ayant laissé le temps!Il n'en demeure pas moins que je n'ai eu qu'un enfant[une autre pathologie, s'étant insidieusement immiscer dans mes pensées], un beau garçon qui, du haut de ses 17 ans, s'inquiète , entre autre, de l'état physique et psychologique de sa maman...
    Personnellement, et ça n'engage que moi, je pense que pour avoir et faire un enfant, il faut avoir l'esprit libre de toutes idées négatives!
    En + de notre hypersensibilité, ne serait-on pas trop cérébrales également? Mais ça c'est un autre débat!
    Bien à toi
    KoKo

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  3. Koukou KoKo ;)
    je parle aussi de ces femmes qui veulent plus que tout un enfant et qui n'y arrive pas, car j'en ai rencontré beaucoup et c'est très dur pour elles ! Je ne les ai pas oublié...
    Je présente mon choix actuel mais il n'y a pas de règle et je respecte tout autant les femmes qui prennent la décision inverse de la mienne...

    je crois que tu as raison, si on réfléchit trop, on trouve tjrs des raisons pour ne pas en faire et c'est souvent l'irrationnel qui l'emporte vers le bébé... Mon sentiment est aussi lié à mon histoire personnelle, j'en suis consciente ! Mais ici je voulais parler du poids de la société et de mon choix actuel/ à la maladie, tout en énonçant et respectant le choix des autres. je ne cherche certainement pas à imposer mon choix qui quelque part est contre nature ! :|

    @lau : je sais et j'en profite pour tenter d'être une super meuleuleu ! :D

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  4. je comprends que ce soit une grande question pour toi
    ne parlons pas des principes dictacs de la société
    mais de toi seule et de la maladie
    Pour ma part quand la maladie s est déclarée mon fils avait 17 ans et ma fille(adoptée) 6 et au fil du temps la culpabilité a été très forte et d un autre côté leurs présences faisaient que je me battais !!!
    je ne peux te donner de solutions
    seule toi et ton compagnon l ont
    je te souhaite une bien meilleure santé et je te remercie pour ton blog rempli d humour
    Biz
    Béa

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  5. Bonjour Miss Fibro,

    Je sais que chaque femme, chaque être humain a sa propre histoire et ses propres réactions, contrôlées ou non, mais je voudrais juste te faire part de mon expérience.

    J'ai 39 ans (bientôt le cap !!). A 26 ans en 1997, on m'annonce polyarthrite rhumatoïde...(?) Je fais un enfant en 1999, tellement envie ! On me dit 1 mais pas plus... Trop envie, donc 2ème grossesse en 2001 : des jumeaux !!! Aïe !!! Coup très dur... Dépression... Mais j'essaye d'assumer malgré les douleurs, la fatigue... Des années très difficiles, mais je ne regrette rien. Arrêt maladie qui se prolonge ; dur dur d'arrêter de bosser. En 2004, on me dit : ce n'est pas la polyarthrite, mais la fibromyalgie...

    Aujourd'hui : 3 enfants, pas de boulot (invalidité), une fibro qui évolue...

    Ce qui me fait tenir ? MES ENFANTS !!! Sans eux, je ne serais plus là (vrai de vrai). Je ne dis pas que c'est facile, mais ils sont là et je me bouge, je prends soin de moi, je force... pour eux !!!! Et quand ça ne va pas, ils me laissent, comprennent, me font des câlins très délicats car ils savent, m'embrassent, me disent des petits mots gentils... et cela me donne envie de repartir.

    Je sais, chacun son ressenti, mais je voulais juste te faire partager mon expérience.
    Je pense que les douleurs et la fatigue engendrées par le fait de s'occuper d'un petit bout d'chou s'estompent face au bonheur immense quand on le voit rire, sourire, quand il te prend dans ses bras, quand il te dit "je t'aime maman"...(séquence émotion...)

    Pour cette nouvelle année et toutes les autres, je te souhaite de garder ton humour intact, de mieux supporter la maladie, de VIVRE !!!!!

    Bisous.
    Séverine

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  6. J'ai 46 ans. Pas d'enfant. celà ne fait pas de moi une sous développée...Il y a longtemps que je souffre des remarques des autres femmes...pas toutes heureusement....Il y a d'autres manière d'avoir une fécondité et de se réaliser...Plus çà va et plus je laisse dire...avoir un enfant ou n'en pas avoir ne constitue pas une identité à vie...C'est à toi se sentir les choses...de te respecter...bon courage à toi...et vive la vie !! et tant pis pour les abrutis !!!! bizz

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  7. Pour faire un enfant, il faut être prêt. Alors le jour où vous le serez, il n'y aura pas de problème. En attendant, comme vous le dîtes, celà n'empêche pas d'aimer ceux des autres.
    Je vous souhaite pleins de bonnes choses.
    Christine, Fibro également.

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  8. bonjour la miss,
    tu as parfaitement analysé le désir ou pas d'enfant chez une femme de ton âge et le comportement de l'entourage.
    tu dois t'occuper de toi, pense à toi d'abord.
    je t'embrasse jak

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  9. Bonjour,

    Arrivée ici par hasard, je découvre ton blog. Et ce post. Moi-même en questionnement.. ^^

    J'ai bientôt 34 ans, je souffre quotidiennement depuis 18 ans. J'ai tout de la fibro, mais encore aucun médecin pour me le dire (ils ne savent pas..toujours pas.. je me fais trimbaler d'un serice à l'autre).
    Ce n'est que depuis deux mois, que j'entends parler de cette maladie, que je mets enfin un nom sur ma maladie. Et je me félicite de ne pas l'avoir su avant ; je me suis toujours bougée malgré ma fatigue, je me disais que ce n'est pas normal, les autres y arrivent.. (depuis deux mois j'ai compris, j'écoute mon corps pour mieux tenir ;) ).

    Mais ne sachant pas tout ça, j'ai eu un enfant ; il a 2 ans et demi. Ce n'est pas facile, je ne peux pas le porter, entre autre problèmes de tous les jours. La maison est laissée en plan, mon mari m'aide autant qu'il peut et il est formidable. J'ai également une amie merveilleuse qui m'aide.

    Du coup mon questionnement, c'est.. est-ce raisonnable d'en faire un deuxième ? :/ Je n'y ai pas répondu encore. Ma première grossesse, je n'ai pas réussi à bouger du canapé pendant 9 mois, des contractions tout le temps (je sais désormais que c'est lié à la fibro, que du magnésium aurait suffit à m'aider).

    Voilà.. fibro et grossesse, ce n'est pas rose. Mais qu'elles que soient les difficultés que je rencontre sans cesse, c'est merveilleux d'avoir mon gnome.
    Un jour peut-être, tu te sentiras prête. Ou pas. J'ai pas mal d'amis autour de moi, de mon âge, sans enfants, et qui n'en veulent surtout pas. C'est un choix qui se respecte, qu'elle importance ? On n'a pas une planète à repeupler, que je sache ;)

    Mais tout ça ne résout pas mon dilemme à moi ;))

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