Tu as des séances de Balnéoooo ? Tu en as de la chance !

Voilà ce que j'entends à chaque fois que je dis que je fais des séances de balnéothérapie à quelqu'un qui n'y est jamais allé, et cela même au Centre Anti-Douleur !
"Tu as des séances de Balnéoooo ? Tu en as de la chaaaaance ! J'aimerais trop y aller !!"
Evidemment, en disant le mot "balnéo" tout le monde pense : thalasso, eau à 35°, bulles et jets.
La réalité est un peu différente...
L'eau est bien à 35° mais oubliez les bulles et les jets sont moyennement agréables en général pour les fibros. Nous sentons le jet plus fort que les autres...
De plus, il ne faut pas oublier que si j'ai des séances à raison de 2X/semaines, c'est qu'il y a des raisons thérapeutiques. Je ne suis pas là-bas pour buller mais pour faire de la rééducation et malheureusement cela ne se fait pas tout seul... Il faut travailler !
Nous ne pesons que la moitié de notre poids dans l'eau : cela facilite les exercices mais en sortant, l'apesanteur reprends ces droits et là, ouh-lala !
Je désespère ma kiné car cela fait deux ans que je lui dis avoir plus mal après, qu'avant la séance. Si je force trop, j'ai des courbatures aux chevilles, jambes, bras... pendant des jours ! Et on m'envie d'y aller ??
Pour moi, c'est étrange ! Alors pourquoi y aller, me direz vous, dans ce cas ?
Et bien parce que sur la durée, je sens que cela m'aide à freiner la maladie. Je me dégrade moins vite et donc dans ce cadre, la balnéo m'aide à me soigner.

Et puis, l'ambiance est sympa, heureusement ! C'est un lieu social qui rassemble des gens assez divers, ils ont comme principal point commun d'avoir des problèmes de santé. Certains ont mal aux épaules, d'autres aux genoux et pour les fibros, la question de la kiné est "où as tu mal aujourd'hui?" car ça peut dépendre ! Et oui, les fibros ne font jamais rien comme les autres !
De mon côté, comme j'ai mal partout, tout le temps, la kiné ne me pose plus cette question. D'ailleurs, je connais à présent mon corps et les mouvements qui m'aident, je peux donc travailler toute seule et discuter directement avec elle d'autre chose !

Selon la population de la piscine, les discussions changent : on parle du week end, des actualités, de livres, de nos vies perso, de nos problèmes avec les médecins ou la sécu... Des fois, cela devient le bureau des pleures mais c'est aussi le lieu de fou-rires, voir de débats. A l'heure actuelle, nous nous retrouvons beaucoup entre fibros et alors les autres se sentent exclus, car nous parlons par abréviations de nos soucis de fibro et nous nous mettons (je ne sais pas pourquoi !) à hurler. Régulièrement, la kiné est obligée de nous rappeler à l'ordre pour que nous baissions le ton car elle ne peux plus donner ses instructions ! lol
Comme nous sommes souvent seules la journée, nous sommes contentes de nous retrouver avec d'autres personnes qui vivent la même chose que nous et cela devient le poulailler des fibros !

Il se passe aussi des choses étranges en balnéo... Comme un jour, le vol de ma serviette !
Cela n'a pas été fait volontairement mais un patient qui était connu pour être particulièrement distrait, a pris ma serviette toute douce et m'a laissé la sienne... toute rêche. La kiné était sûr que ce soit lui car cela lui était déjà arrivé une fois ! Il a toujours nié, trop embarrassé, et c'est comme ça que j'ai à présent "ma serviette de piscine" car elle est tellement moche et rêche, que je ne me vois pas m'en servir pour autre chose ! Et puis au moins, 0 regret si on me la vole à nouveau !
Ce patient, appelons le Marco, était drôle car il s'endormait dans la piscine et quand on ne l'entendait plus et qu'on ne le voyais plus bouger, la kiné hurlait son prénom pour le réveiller et qu'il laisse sa place à quelqu'un d'autre ! Des fois, il avait envie de parler mais il parlait tellement vite et avec un fort accent qu'on ne comprenait qu'un mot sur deux et qu'il finissait par rire tout seul.

Certains restent dans leur coin et il faut aller les voir pour leur parler, d'autres parlent à tout le monde pour faire le show et la kiné doit alors les recadrer pour qu'ils fassent des mouvements tout en parlant. C'était le cas d'une grand mère, qui le jour où elle ne disait rien, inquiétait tout le monde : "Ginette, qu'est ce qui va pas ? tu ne dis rien..." Par contre, elle disait toujours "oui-oui" mais n'aimait pas beaucoup bouger dans l'eau et préférait discuter avec ses copines : la kiné n'était pas dupe !

Il y avait aussi ce grand-père qui profitait de certains exercices pour regarder d'un regard pétillant le décolleté des jeunettes : rien de pervers, mais plutôt un regard nostalgique et émoustillé ("ah ! le bon vieux temps...")


Finalement, c'est comme à l'école ! Il y a les bons et les mauvais élèves, les bavards et les timides, des vols et même des frayeurs quelques fois ! Ainsi, une ou deux fois, avec la chaleur de la pièce et de l'eau, j'ai vu des personnes manquer de s'évanouir dans l'eau...
Mais rassurez vous : aucun mort à déplorer en deux ans ! Si je parle au passé de ces patients, c'est parce qu'ils ont fini leurs séances. ;-)